Sur un skip haut perché


Tout un symbole.

Partout en Europe, l'industrie sidérurgique a subit la crise mondiale de l'acier de plein fouet.
Les effets se sont fait ressentir principalement au niveau de ce que l'on appelle la "Phase à chaud".
Le symbole le plus flagrant de ce genre d'industrie est aussi le plus haut : Le haut-fourneau; Dont les structures actuelles dépassent couramment les 100 mètres de haut.
Les diverses fermetures des phases à chaud ont fatalement entrainé l'arrêt définitif de ces fabuleuses structures.

Terminé donc la fonte qui s'écoulait à plus de 1800 degrés sur les planchers de coulée.
Terminé le coke et autres adjuvants déversés au sommet du monstre d'acier.
Terminé le mouvement de va et vient des skips transportant le précieux chargement.
Terminé le vacarme et les fumées de la bête d'acier avalant de façon permanente sa précieuse cargaison.

Désormais le silence règne en maître en attendant l'ultime vacarme; Le moment ou la dynamite fera s'effondrer le monstre déjà mort et attendant son dépeçage sous les regards embués de larmes des anciens ouvriers.

En attendant l'apocalypse.

A seulement 20 km de Bruxelles, vous trouverez le long du canal le Bruxelles-Charleroi le site des forges.
En une vingtaine d'années seulement, les 3/4 du site ont cessé toute activité.
Les pelleteuses ont déjà commencé le nettoyage, le site des haut-fourneaux est en sursis mais pour plus très longtemps.

Toujours est-il que grâce a des autorisations obtenues, nous allons explorer cet étrange colosse d'acier encore debout.


Depuis l'entrée, une camionette vient nous chercher et nous amene directement au premier étage du haut-fourneau le plus récent : Le HF6.
Comme son numéro l'indique, c'est le sixième et dernier colosse construit sur le site, c'est ausssi le plus grand puisqu'il fait facilement deux fois la hauteur de ses frères.
On a donc eu jusqu'a six haut-fourneaux sur le site, mais ils n'ont pas été tous en activité en même temps.
Actuellement, seuls les HF2 et HF6 sont encore debout, mais, pour combien de temps encore ?

La camionette s'arrête sous un immense hangar, nous nous trouvons au coeur de la machine, sur les planchers de coulée du HF6.
Jadis, dans une ambiance d'enfer, la fonte ou le laitier s'écoulait dans une chaleur effroyable vers les wagons torpilles en vue d'être acheminés vers l'acierie ou les cimenteries pour le laitier.



Ici, il fait froid depuis la mise à mort mais ce qui impressionne le plus, c'est le silence pesant qui suffit a faire comprendre qu'ici le temps s'est arrêté.

Il nous suffira de marcher quelques pas pour atteindre la base du HF 6.


Les immenses hottes étaient placées au dessus des trous de coulée, càd là ou la fonte et le laitier sortaient.
Juste au dessus, les injecteurs d'air chaud alimentés par un immense tuyau circulaire maintenaient la base du haut-fourneau à la bonne température (Facilement 2000 degrés).

Passons maintenant derrière le haut-fourneau là ou se trouve le skip.
Un regard vers le bas permet de voir un des 3 cowpers servant a réchauffer l'air qui doit être soufflé dans le haut-fourneau.


Un petit regard vers l'arrière nous permet d'admirer une partie des escaliers que nous allons emprunter.


Grimpons!

Aux étages suivants on rencontre les injecteurs d'eau servant a refroidir la cuve de la bête.


La montée se poursuit pour atteindre les trous d'homme servant à l'inspection de la cuve du monstre; Bien évidemment les orifices sont habituellement fermés.


Deux étages plus haut, et nous voilà au sommet du skip.
C'est a cet endroit que les deux chariots déversaient chacun à leur tour dans un bruit d'enfer leur cargaison dans le ventre du monstre.
C'est endroit est appellé "Gueulard".


Un ingénieux système faisait que lorsque le chariot arrivait au sommet, il se penchait permettant ainsi le déversement de la cargaison dans la cuve.


Deux étages plus haut, et, nous voici non seulement au dessus du gueulard mais aussi au niveau des poulies de renvoi des cables remorquant les chariots du skip.


En plein millieu du gueulard, se trouve les deux barres imbriquées l'une dans l'autre permettant l'ouvertures des cônes; Ces derniers servant de porte d'accès entre l'exterieur et la cuve du haut-fourneau.

Au même niveau, les poulies de renvoi des cables et le contrepoid de la commande des cônes se laissent admirer.



Le sommet.

Pour monter au dernier niveau (L'avant dernier en fait) il nous faudra emprunter un escalier établi autour d'un des conduits aboutissant aux bledders.
A un moment donné, on se trouve au dessus du vite à facilement 80 mètres de haut; Sensations fortes garanties!
Deux photos vous permettent de vous faire une idée...



Un dernier escalier nous amène au niveau des bledders; Ce sont des soupapes de sureté qui souvrent de temps à autre pour limiter la pression dans le haut-fourneau.
Quand elles fonctionnent, un nuage noir ne manque pas de décorer le ciel.


Nous sommes à 104 mètres du plancher des vaches.
Quelques vues panoramiques de l'usine en rive gauche maintenant rasée valent le détour!




Sur la rive droite du canal, on peut voir la partie moderne de l'usine qui est toujours en activité grace à la largeur du train de laminoir plus large que la normale.


A noter aussi que des trois cowpers réchauffant le HF6, l'un d'eux est surmonté d'un chateau d'eau (Abattu depuis).


Retour progressif vers le bas.

Redescendons à mi-hauteur et grâce à une passerelle découvrons le skip de plus près.


Après avoir franchi le passage délicat, nous arrivons un peu plus haut que la moitié du trajet effectué jadis par les skips.
Nous sommes au niveau des poulies de renvoi qui dirigeaient les cables vers le treuil moteur que nous visiterons après.





Redescendus maintenant au premier niveau, une porte s'ouvre et nous découvrons la salle de contrôle du haut-fourneau ainsi que du skip.




Quelques volées d'escalier, et, nous sommes dans la salle du treuil, qui comme vous vous en doutez permettait de faire mouvoir les skips.



L'avenir ?

Sombre, très sombre!
Il ne faut pas se bercer d'illusions, les deux derniers HF ne redemarreront plus.
Plusieurs voix tentent d'éviter la disparition de ces pièces industrielles superbes mais même s'il faut garder espoir je ne me fais pas trop d'illusions!

Le rail

L'eau

L'énergie

Le fer et l'acier

La mine

Les bâtiments

Les casernes

Les inclassables


Les liens

Les nouveautés

Loi et sécurité

Qui suis-je ?

Courriel